"Une planche d'Alix, c'est une semaine de travail."

Pour inaugurer ce blog, qui naît juste avant la quatrième édition du Festival d'Anzin-Saint-Aubin (13 et 14 juin, salle Les Viviers), voici la première partie d'une interview de Marc Jailloux, l'invité d'honneur de cette manifestation incontournable. 

Comment t'es venu la passion d'Alix ?

J'ai appris à lire avec Tintin, puis j'ai eu un choc en découvrant Le dernier Spartiate. J'ai adoré le ton de l'album, son ambiance et son aspect plus réaliste que Tintin. Je n'avais jamais rien lu de tel auparavant. Alix vivait de lui-même ; c'était incroyable ! J'ai ensuite rencontré Jacques Martin à Angoulême et il m'a dédicacé Le dernier Spartiate...

 … qui est ton album préféré de la série, je suppose ?

Bien sûr ! Je garde précieusement mon exemplaire dédicacé !

Et comment passe-t-on d'admirateur à « collaborateur » de Jacques Martin ?

C'est venu progressivement. J'ai intégré l'atelier de Gilles Chaillet, un ancien collaborateur de Jacques Martin, connu, surtout, pour Dans la Rome des Césars où il signe de magnifiques plans et cartes. J'ai d'abord travaillé, pendant trois ans, à l'encrage. J'ai ainsi pu me familiariser avec le papier et les techniques. Après un voyage en Grèce, j'ai proposé de reprendre la série Orion de Jacques Martin, qui était en carafe. Je lui ai montré un scénario, qu'il a apprécié. Il m'a donc proposé de travailler sur cette série... J'en ai dessiné le tome 4, L'oracle. Je suis ensuite passé à Alix, en dessinant La dernière conquête. Pour Britannia, j'ai aussi signé le synopsis ; j'en suis le coscénriste.

Comment travaille-t-on sur une série si ancrée dans l'histoire de la BD ?

J'essaie à la fois d'imaginer ce qui me touchait quand j'étais enfant et d'être influencé par ce qui est sorti depuis. Alix n'est pas figé. Je me demande souvent ce que ferait Martin s'il était là. Je veux retrouver l'Alix de mon enfance, le respecter, tout en lui insufflant ce qui me semble pertinent aujourd'hui.

As-tu d'autres projets que ceux estampillés Jacques Martin ?

Orion et Alix demandent un gros travail de documentation. Je suis sur un nouvel album qui m'accapare, me demande beaucoup de temps. Une planche d'Alix, c'est une semaine de travail ! Mais j'ai d'autres projets dans mes cartons, tous en lien avec l'histoire, mon sujet de prédilection. 

Que peux-tu nous dire sur ce futur Alix ?

Je dois le finir à la fin de l'été pour une sortie prévue le 5 novembre. C'est le tome 34 de la série et il s'appelle Par delà le Styx. C'est un prequel au « Dernier Spartiate ». Heraklion, l'enfant élevé par Alix, y renoue avec son passé douloureux. L'histoire se passe en Tunisie.